Accueil A la une Médecine de famille vs médecine générale : Non à la division de la première ligne de santé!

Médecine de famille vs médecine générale : Non à la division de la première ligne de santé!

Un an après sa publication, le décret gouvernemental portant sur l’organisation des études en médecine est sur le point de faire éclater tout le système de santé en Tunisie, étant donné que le torchon brûle, encore une fois, entre le Syndicat général des médecins, pharmaciens et médecins dentistes de la santé publique, et autres acteurs du secteur, dont notamment les résidents en médecine de famille qui se voient bloqués après la suspension de leur encadrement sans pour autant connaître le pourquoi du comment. 

Suite au blocage des négociations entre l’autorité de tutelle et le Syndicat général des médecins, pharmaciens et dentistes de la santé publique, ce dernier a décidé de suspendre l’encadrement des résidents en médecine de famille et d’entrer en grève les 24 et 25 décembre. D’après le communiqué rendu public lundi dernier, le motif de cette décision réside dans le fait que le Syndicat réclame l’homologation des médecins généralistes avec la spécialité de médecine de famille, et appliquer cette spécialisation aux médecins généralistes praticiens dont le nombre s’élève à 4.000 dans le secteur public et ne pas la limiter à ceux qui seront formés dans cette spécialité pendant huit ans (5 ans d’étude et 3 ans de stage), tel que prévu par le décret gouvernemental publié dans le Journal officiel du 12 avril 2019. Cette demande est-elle à satisfaire ?

La confusion s’accroît…

Dans une déclaration accordée à La Presse, le président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm), Jed Henchiri, indique que le décret N°341 de 2019 relatif aux études médicales, qui avait pour objectif de régir le cadre général du système des études en médecine et les conditions d’obtention des diplômes, a conduit, aujourd’hui, à un nouveau conflit entre les deux parties, ce qui constitue une interprétation erronée du texte, étant donné que ce dernier a qualifié les futurs médecins de spécialistes en médecine de famille sans affirmer que ceux qui exercent actuellement et ceux qui ont un ancien diplôme auront le même statut.

« Un an que le décret gouvernemental portant sur l’organisation des études en médecine s’applique, nous sommes toujours à la case  départ ! Il est vrai que depuis des décennies, il n’y avait que deux statuts : ‘’médecine générale’’ et ‘’médecine spécialité’’. Mais suite à la réforme des études qui s’est imposée à la Tunisie, depuis une année, la médecine de famille est devenue une spécialité à part entière, et ce, conformément aux standards internationaux. C’est dans ce cadre-là que les médecins de première ligne (généralistes) devraient passer trois ans de plus pour être des super médecins de première  ligne et bénéficieront du titre de spécialiste en médecine de famille. Donc, la logique nous fait dire que les médecins de famille seront supérieurs aux médecins généralistes qui représentent actuellement la première ligne. Or, ce n’est pas le cas en Tunisie, étant donné que la demande d’homologation des médecins généralistes avec la spécialité de médecine de famille n’est pas logique et anormale», explique Henchiri.

Contre la promotion « automatique »

Le jeune médecin ajoute qu’après la publication dudit décret, les études de médecine comportent désormais trois cycles : le premier dure deux ans, le deuxième d’une durée de quatre ans, tandis que la durée du troisième cycle varie entre trois et cinq ans, en fonction de la spécialité choisie. Ainsi, un diplôme de spécialité sera attribué aux étudiants ayant réussi les examens du troisième cycle (concours de résidanat), et ce, dans diverses spécialités médicales, dont la médecine de famille.

« Il n’est pas question de toucher au cursus ni, surtout, au diplôme des résidents en médecine de famille…De l’autre côté, le syndicat devrait mobiliser des revendications à ce niveau pour servir l’intérêt de toutes les parties concernées et non pas celui d’une catégorie déterminée. Ainsi, les demandes syndicales devraient être réalistes et pragmatiques tout comme les solutions. Toutefois, dans l’état actuel des choses, cette demande de promotion automatique ou de passage systématique d’un médecin généraliste à un médecin de famille n’est pas justifiée et serait très mal acceptée car la formation de la médecine de famille est plus large et plus pratique puisqu’il y a un stage encadré par des médecins généralistes de libre pratique agréés et au niveau des centres de soins de base…Cette situation nous amène à réfléchir sur l’origine exacte de ce bras de fer », souligne-t-il.

Henchiri affirme, également, qu’il ne faut pas baisser les bras face aux pressions exercées par le Syndicat des médecins, pharmaciens et dentistes de la santé publique car si nous acceptons cette promotion automatique, nous serons perdants sur le plan académique et ce nouveau diplôme n’aura aucune valeur réelle sur le marché du travail, notamment à l’étranger.

« Cette équation ne semble pas avoir de solution simple. Même si cette situation a causé une indignation de tous les médecins généralistes, il faut penser aux futures générations et préparer une relève meilleure. Donc, ce passage systématique du statut de médecin généraliste vers le statut de spécialiste en médecin de famille n’est pas acceptable, sinon ça sera le coup de grâce à une santé déjà en détresse. Pour ce faire, chacun de nous doit respecter son travail et respecter la réglementation et il n’est pas question de diviser la première ligne de santé, composée, entre autres, de médecins généralistes et ceux de famille », précise-t-il.

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